D’où vient-il, ce poivre aux notes fraîches et puissantes ? Son histoire mouvementée nous emmène aux confins de l’Inde, dans les cales des navires arabes et vénitiens, jusque dans les méandres de la Reconquista espagnole. Son nom même incarne ses nombreux périples à travers l’histoire. Le sanskrit pipalli devient très vite peperi en grec puis piper, en latin. Le poivre est en effet originaire du sud-ouest de l’Inde. Plus exactement de la région du Kerala, sur la côte de Malabar. C’est pour cette raison que le Malabar noir est considéré comme le poivre originel. Dès l’Antiquité, les Européens font venir les épices de l’extrême-Orient. On retrouve la première trace écrite du poivre dans l’ouvrage du romain Apicius, De l’art culinaire. Il le nomme alors « roi des épices ».
Des bords de l’Indus au port d’Alexandrie
Mais il semble que son importation en Occident soit bien plus ancienne. C’est Alexandre le Grand qui le découvre au IVe siècle avant notre ère, au bord de l’Indus, ce célèbre fleuve d’Asie qui donne son nom à l’Inde. Bien plus tard, la conquête d’Alexandrie par les Arabes, en 642, marque le début du commerce des épices. Le premier port d’Égypte en devient le centre. Les bateaux indiens, qui partent pour la plupart du port de Calicut, dans la région du Kerrala, naviguent vers l’Égypte en empruntant diverses voies maritimes.
Une monnaie d’échange
Au Moyen âge, les Italiens, plus précisément, les Vénitiens, détiennent le monopole du commerce des épices en Europe. La Sérénissime commerce en effet très tôt avec les Arabes. La richesse d’une famille, à l’époque, se mesure à son stock d’épices. Celles-ci servent également de monnaie d’échange, d’où l’expression : « payer en espèces », à l’origine « payer en épices ». Ainsi, lorsque les croisés, au XIIe siècle, s’emparent de la ville de Césarée, en Palestine, ils sont récompensés avec un kilogramme de poivre ! Une fortune à l’époque.
Le monopole portugais
À la toute fin du Moyen ge, à la période de la Reconquista, le Portugal devient une puissance incontournable et s’empare peu à peu du commerce des épices. Le royaume s’appuie sur les découvertes et les routes ouvertes pas ses grands navigateurs comme Vasco de Gama, Afonso de Albuquerque et Fernand de Magellan (Fernando de Magalhaes). En 1498, Vasco de Gama devient le premier navigateur européen à atteindre l’Inde en contournant l’Afrique. C’est lui qui ouvre la voie maritime appelée encore aujourd’hui « route des épices ». À son arrivée à Calicut, sur la plage de Kappad, dans la région du Kerrala, en Inde, il aurait déclaré aux marchands arabes être venu chercher « des chrétiens et du poivre ».
Vers une démocratisation du poivre
Au début des années 1500, le Portugal possède le monopole du commerce du poivre et des épices sur la moitié du monde. Alfonso de Albuquerque est gouverneur des Indes et crée les comptoirs d’épices en Inde. Mais ce monopole ne dure qu’une cinquantaine d’années, car les anciens réseaux de commerce arabes et vénitiens parviennent à contourner le blocus du commerce des épices instauré par les Portugais. Au XVIIe siècle, le royaume perd la quasi totalité du commerce du poivre au profit des Hollandais et des Anglais. Le développement du commerce des poivres et des épices démocratise leur consommation en Europe. Dès la Renaissance, leur prix diminue considérablement. Le poivre et les épices prennent définitivement leur place dans la gastronomie européenne. Aujourd’hui, le poivre est le troisième aliment le plus consommé au monde.
Découvrez notre gamme de poivres rares en cliquant ICI.