Histoire

La vraie histoire du faux poivre

Retour sur des épices riches de saveur

Par Karine Blanc

À l’époque de la contrefaçon et de la mode du « fake », il me semblait important de vous expliquer la signification de l’expression « faux poivre ». Un terme courant mais qui dévalorise, selon moi, ces épices de valeur.

D’où vient l’expression de « faux poivre » ?

Surnommé « roi des épices » par Apicius, le poivre fut, pendant des millénaires, synonyme de richesse. Le mot poivre à lui seul était, dans les temps anciens, une monnaie d’échange, symbole de valeur sûre. Il y a encore peu de temps sa consommation était réservée aux riches familles. Preuve en est : l’expression néerlandaise « riche comme un poivre » est encore utilisée de nos jours. Conscients de cette valeur ajoutée du mot poivre, des producteurs et des marchands d’épices, de baies, et de graines de moindre valeur ont créé la désignation de « faux poivres ». C’est ce que firent notamment les Espagnols avec le poivre de Jamaïque, une baie de la famille de myrtacées poussant sur l’île de la Jamaïque. Il en fut de même avec les baies roses, les baies de Sechuan et bien d’autres épices. Toutes ayant comme seul point commun de ne pas faire partie de la famille des pipéracées et encore moins de celle des piper nigrum.

Qu’est-ce qu’un faux poivre ?

D’une manière générale, il s’agit de baies ayant une vague ressemblance visuelle avec le poivre, (le plus similaire serait celui de Tasmanie), comme pour celui de Jamaïque, les baies roses, le Sechuan ou encore le Timut. Mais on désigne également par cette appellation des graines comme la maniguette ou des fèves comme celles de tonka. Autant d’épices fort intéressantes qui, à mon sens, n’ont pas besoin du terme « faux poivres ». Ce sont des épices de valeur avec un intérêt gustatif certain.

Quelques exemples d’utilisation des faux poivres

Le Sechuan le Timut et le Mat Khen sont trois cousins de la famille des rutacées (famille des agrumes). Ils sont très intéressants pour leurs notes d’agrumes très prononcées. Le Sechuan fera des merveilles avec le canard, par exemple, le Timut avec des noix de Saint Jacques et – de façon plus surprenante – avec du chocolat ou un délicieux tartare de veau. Quant au Mat Khen, il s’associe parfaitement avec les crustacés et fera merveille avec des crevettes en salade ou sautées, avec un dessert à base de chocolat ou des salades de fruits.

Les baies roses ainsi que les baies de Manakara (qui sont des graines de baies roses torréfiées) accompagneront idéalement les poissons, les viandes blanches, les fromages frais, voire – mon pêché mignon – avec le chocolat.

La fève de Tonka de son côté, est connue pour être utilisée en pâtisserie mais elle vous surprendra rappée sur une salade de tomate ou sur des haricots verts croquants… Je vous invite à découvrir ces baies injustement affublées du terme « faux poivres ». Ce sont des épices d’exception à part entière !

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